Charles 6 meurt de sa folie en 1422, son fils Charles 7, qu'il a eu d' Isabeau de Bavière, hérite d'un morceau de royaume car la France est alors partagée en trois :
En 1435 Charles 7 réussit à renverser l'alliance entre les ducs de Bourgogne et de Bedford à son avantage; et en 1444 il signe le traité de Trèves avec les anglais, première étape vers la fin de la guerre de cent ans. Sacré à Reims en 1429 il régnera jusqu'en 1461. Son fils Louis 11 lui succède, c'est un homme complexe et un fin diplomate qui saura imposer son pouvoir et régner sur un vrai royaume. Il ne sera pas comme Charles 5 et ses frères un grand commanditaire d'oeuvres d'art; car trop occupé à unifier la France. Ce sont les grands feudataires du royaume et quelques grands bourgeois qui assumeront ce rôle.
Trois événements majeurs dominent la fin du 15° siècle et la première moitié du 16° :
Elle reste traditionnelle, parfois novatrice dans le traitement des ornements et des élévations, avec une tendance au superflu comme dans les voûtes avec les tiercerons et les liernes. C'est l'apogée du gothique flamboyant qui s'étendra jusqu'à la moitié du 16° siècle et qui se reconnaît surtout dans le remplage des baies en forme de flammes
- Chartreuse de Villefranche sur Rouergue dont chaque remplage des baies
est de forme différente
- Façade de l'église de la Trinité (Vendome vers
1500). Remplage dans les tympans ajourés des porches ainsi que dans
la rosace et le gable central
- St Maclou de Rouen : originalité du porche concave permettant
le développement de 6 arcatures. Profusion ornementale extérieure.
Remarquer la tour lanterne tradition normande depuis le 12° siècle
- Eglise St Nicolas de port (prés de Nancy) construite en 2
campagnes entre 1481 et le 16° siècle. Collatéraux et
nef a 2 niveaux sont séparés par des colonnes sans chapiteaux.
Traitement du transept très original
- A St Séverin de Paris (début en 1489) pas de transept.
Double collatéraux. Déambulatoire en voûtes étoilées.
Nef à 3 niveaux avec des fenêtres hautes à 3 lancettes
et vitraux du 15 siècle (Vitrail des saints). Oeuvre de André
d'Ypres et de son fils
- Rose de la façade occidentale de la Sainte Chapelle (1490)
au thème de l'apocalypse : Christ au centre d'un réseau flamboyant
Les commanditaires ne sont pas seulement les grands du royaume mais aussi des bourgeois enrichis. Tel Jacques Coeur, simple commerçant qui devint fournisseur de la cour puis prêteur du roi. Devenu l'ami et l'exécuteur testamentaire de la favorite Agnès Sorel il fut soupçonné d'avoir empoisonné celle-ci. Arrêté, jugé puis banni; il mourut en 1456. Ces grandes commandes :
- Vitrail de la cathédrale de Bourges offert pour une fenêtre
à 4 lancettes : Annonciation encadrée par St Jacques et Ste
Catherine. Apprécier la virtuosité du verrier dans les très
petites découpes montées en "chef d'oeuvre"
-
Hôtel particulier de J Coeur à Bourges construit sur des fondations
gallo-romaines. La façade suit le tracé courbe de la muraille;
la partie centrale a un porche couvert dominé par une chapelle dont le mur extérieur comporte des niches aujourd'hui vides, encadrée
de fausses fenêtres montrant en moyen relief un homme d'un
coté et une femme de l'autre accoudés a un balcon.
- Vue de la cour intérieure de l'hôtel dont l'escalier central en excroissance, est décoré de reliefs sous les fenêtres.
Encore de nombreuses Vierges à l'enfant mais surtout des Piéta, majoritairement en Bourgogne pour plusieurs raisons :
-
Mise au tombeau pour la chapelle de l'hôpital de Tonnerre (1454)
par Jean Michel et Georges de la Sonnette, commandé par Lancelot
de Buranfo : Une galerie de personnages grandeur nature , en ronde bosse,
entourent le tombeau au dessus duquel 2 hommes soulèvent
le Christ pour l'y déposer.
-
Tombeau de Philippe Pot (Sénéchal de Bourgogne). Oeuvre très
originale; le socle est remplacé par 4 pleurants aux angles de la
dalle de marbre qu'ils portent sur leur épaule, et sur laquelle
repose le gisant avec un animal mi-léonin à ses pieds. Les
pleurants tiennent les armoiries des ancêtres de Philippe Pot (dont
certaines sont fantaisistes ...)
- Vierge dans l'église d' Auxonne aux drapés amples et
moelleux et la sensation de "dialogue" entre la Vierge et l'enfant (proche
de la vierge du portail de Champmol)
- Comparaison avant/aprés restauration d'une Vierge polychromée
(Autun) . Grâce aux techniques laser on peut faire éclater
la couche superficielle de l'objet tout en gardant les peintures sous-jacentes.
Ici apparaît le voile blanc, le manteau d'or doublé de bleu...
- Mise au tombeau (Semur-en-Auxois, église Notre-Dame 1490).
Axée sur la Vierge avec une symétrie des personnages qui
l'entourent. Oeuvre de Antoine Le Moiturier, imagier du duc de Bourgogne
(proche de Michel Colombe)
- Vierge de pitié en albâtre (Eglise d' Epoisse). Visage
rond, grand développement des drapés, silhouette triangulaire
de la Vierge mains jointes en prière. Le Christ est abandonné
sur ses genoux
- Tombeaux du monastère de Brou,
fondation de Marguerite d' Autriche. Les dessins originaux sont de Jean
de Bruxelles, Conrad Mayt et Mariotto. En 1531 les 3
tombeaux sont achevés, ils représentent :
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Il s'agit d'oeuvres de Jean Perreal et de Michel Colombe
qui lui succédera. Dans le monastère, très beaux
vitraux de la résurrection du Christ
Importante production , surtout de Vierge à l'enfant ou de Vierge de pitié (Toulouse, Albi, Rouergue...) grâce à l'argent de nombreux mécènes :
-
Jubé et clôture de la cathédrale d' Albi surabondamment
décorés, avec de très belles statues en ronde bosse
habillées à la mode du 15° siècle dans la région.
Commande de l' évêque Louis 1° d' Amboise, mécène
célèbre
- Vierge à l'enfant (Toulouse)au visage presque adolescent, idéalisé, aux boucles ondulées;
les drapés sont amples et souples. L'inscription célèbre
la nomme "... Notre dame de grasse....", les armoiries sont malheureusement
illisibles. L'enfant Jésus sur ses genoux n'a pas sa position sage
habituelle, ici il tourne son visage et son corps, comme distrait par un
événement extérieur à l'oeuvre, ce qui procure une sensation de vie et de mouvement originales. Quelques traces de polychromie
Un grand commanditaire en la personne du roi René et de sa cour
- Tombeau en marbre du roi René dans la cathédrale d'Angers,
détruit à la révolution. Il y avait des blasons dans
les cadres du soubassement
- Vierge à l'enfant. Celui-ci manipule distraitement le livre
avec lequel sa mère lui enseigne la lecture. Drapés volumineux,
influence bourguignonne.
De nombreuses sculptures sur bois
- St Jean et la Vierge au calvaire. On remarquera l'opposition des personnages
: St Jean à la silhouette verticale, aux lignes longues, forme une
sculpture de très haute qualité; la Vierge est plus épurée,
traitée en verticales
- Tombeau d' Anne de Bretagne et de son mari en marbre (Elle fut mariée à Charles 8 puis Louis 12), à partir
d'un dessin de Jean Perreal. C'est une oeuvre charnière avec
la Renaissance originale
- Retable en marbre de la chapelle du château de Gaillon par
Michel Colombe pour le cardinal d' Amboise. Il représente un St
Georges combattant le dragon, franchement italianisant.
- De Guillaume Regnault, successeur de Colombe : sculpture d'une Vierge
à l'enfant en albâtre. Visage adouci, drapés aux formes
arrondies et souples. Marque le début du 16° siècle.
La statuaire est de grande qualité, tardive par les thèmes et la facture. Elle sera rapidement influencée par le courant de la Renaissance dés la moitié du 16° siècle.
- Mise au tombeau (1515) de l'église de Chaource : Les personnages entourent le sépulcre. les visages sont austères aux vêtements à plis fins et aux poignets serrés.
Les objets d'art jouent un rôle moins important qu'au siècle
précédent.
-
Statue de la vierge assise avec l'enfant debout à ses pieds lui
tenant la main
- Gobelet émaillé à fond noir ponctué d'
or avec des singes sur le pourtour dans un décor de rinceaux. Cette
oeuvre de Limoges annonce la spécialité de la région
- Médaillon auto-portrait du peintre J Fouquet sur fond
d'émail noir; proche d'une peinture par sa fine délicatesse
- Reliquaire de St Lambert (Liège) commandé à
Gérard Loyet et offert par Charles le Téméraire
: Le duc à genoux tenant le reliquaire est présenté
par un St Georges cuirassé et casqué
- Très original reliquaire en or venant de Maubeuge. Deux anges
ailes déployées supportent le reliquaire lui-même surmonté
d'une statuette
- Vierge à l'enfant du milieu du 15° siécle
Apparition d'un genre tout à fait nouveau : la peinture de chevalet
Avignon continue d'être un creuset artistique grâce à la présence de peintres essentiellement français et italien. Après une chute momentanée de la production de nouvelles commandes affluent. Une des figures les plus marquantes est Barthélémy Eyck dont la culture flamande est très perceptible dans l'oeuvre et qui subit l'influence de Robert Campain. Il suivit son commanditaire le roi René en Italie, qui la première amorce la révolution artistique que l'on nommera la Renaissance, B Eyck est donc un artiste charnière entre 2 grandes époques de l'art
- Annonciation dans une l'église-halle de la Madeleine (1443).
C'est une peinture de chevalet ou l'on voit la Vierge agenouillée
dans un geste de surprise en voyant l'archange Gabriel. Les formes sont
pyramidales
- Modèles de broderie représentant la vie de St Martin;
également oeuvre de B Eyck. Les broderies elles-mêmes seront
réalisées par un parent de B Eyck
- Manuscrits du livre de "Coeur d'amour épris" peints pour le
roi René. C'est le roi qui composa les textes en vers et en proses
ou il raconte la conquête de "Douce Merci" par le chevalier "Coeur"
accompagné de son fidèle écuyer "Désir"
-
Couronnement de la vierge : commandé par le chartrain de Villeneuve-les-Avignons
(1454) exécuté par Enguerrant Quarton (né à
Laon mais dont l'oeuvre se situe surtout en Provence- Voir Renaissance 10)
: Au paradis la sainte Trinité (dominante rouge) couronne la Vierge (dominante
bleue) entourée par une foule de personnages ecclésiastiques et
laïques. En bas au centre, une représentation de Rome et Jérusalem
et sur les cotés la figuration de l'enfer et des limbes. Le fond d'or
représente la lumière du paradis
- Triptyque d'une vierge à l'enfant à la cathédrale
de Moulins par le maître de Moulins : Jean Hey de formation
flamande.
-
Grandes heures d' Anne de Bretagne de Jean Bourdichon, peintre tourangeau
au service de 4 rois ( Louis 11, Charles 8, Louis 12 et François
1°)
-
Tapisserie Mille fleurs de la "Dame à la licorne" commandée
pour la famille lyonnaise Le Viste. C'est l'exemple le plus accompli de
l'art des ateliers bruxellois de la fin du 15° siécle. Sur les
6 tentures, le lion et la licorne, entourent une dame richement vétue
de vétements de l'époque. Les scènes se déroulent
sur des fonds de pelouse bleue/verte et de rouges. Cinq de ces piéces
représenteraient 5 allégories des sens tandis que la 6°
("A mon seul désir") qui montre une jeune femme déposant
son bijou dans un coffret signifierait le renancement aux plaisirs offerts
par les 5 sens
- Tapisserie pour la famille Raulin (Autun)
- Tenture de St Pierre commandée par Guillaume de Eylande. Noter
l'étagement des personnages
Gothique International (fin 14° et 15° siècle)
Gothique dans les Pays-Bas